« Il y a des relations qui nous portent vers le sombre, le pire, la colère et les larmes.
Il y a des êtres qui semblent nous avoir attendus juste pour nous détruire, dont le visage angélique des débuts se transforme en celui d’un diable insaisissable.
Il y a des amours qui en ont l’apparence mais n’en sont pas. » Sabrina Philippe
Elles ne sont pas une fatalité mais il est fondamental de comprendre en quoi certaines relations viennent nous conforter dans nos croyances notamment de dévalorisation, nous enfermer dans des stratégies de punition et nous maintenir enfermé dans des shémas répétitifs pour pouvoir s’en libérer définitivement. Dès lors, il est possible de trouver le courage et la force de dire STOP.
Comment s’établit l’emprise sur la victime ?
Pourquoi est-ce si difficile d’en sortir ?
L’emprise, c’est le résultat d’une relation inégalitaire, dans laquelle un·e partenaire ou ex-partenaire adopte à l’encontre de l’autre des paroles et comportements agressifs violents et destructeurs qui visent à contrôler et à dominer l’autre, à prendre le pouvoir dans la relation. La relation d’emprise s’installe dans le temps.
C’est une forme de domination morale et/ou intellectuelle, dans laquelle la victime ne se rend pas compte de ce qu’il se joue pour elle. Elle n’est pas seulement réservée aux pervers.e.s narcissiques, mais peut concerner de nombreuses situations du quotidien, à n’importe quel moment de la vie. Identifier le plus tôt possible le processus d’emprise permet de s’en libérer et d’éviter de graves conséquences psychologiques.
Au début de la relation, la lune de miel :
La relation commence par une phase de séduction, il y a des sentiments amoureux, la rencontre peut être vécue comme fusionnelle avec l’auteur·e. La victime s’attache et croit à l’illusion d’une relation idyllique, un amour « idéalisé ». La phase de tension peut apparaître parfois très vite mais l’attachement est déjà là. Au début d’une histoire, on a envie d’y croire.
La phase de tension :
Petit à petit, l’auteur·e alterne des phases de séduction et des phases d’agression : des critiques, des remarques dévalorisantes, des regards noirs, des silences lourds, des gestes brusques… qui visent à déstabiliser, humilier et dévaloriser l’autre personne dans son estime d’elle-même. Ce brouillage entraîne une altération des capacités de jugement de la victime qui la conduisent à douter de ses perceptions. La crainte de « mal faire » l’amène à « trébucher », ce qui donne à l’auteur·e de nouvelles occasions de pointer ses erreurs. La victime se remet en question, tente de diminuer la tension en modifiant son comportement et perd progressivement confiance en elle.
La phase de crise :
Elle se manifeste par différentes formes de violences exercées par l’auteur·e : psychologiques, verbales, sexuelles, physiques… La victime est en état de choc, de sidération, de confusion, elle a peur, elle n’est pas capable de se défendre… L’auteur·e des violences affirme son pouvoir et met en place des mécanismes d’isolement et de contrôle accrus (surveillance des fréquentations, du téléphone, privation de sortie, interdiction de voir l’entourage).
La phase de justification :
La phase de justification inverse la responsabilité des violences. L’auteur·e se justifie, minimise, rejette la faute sur la victime ou sur des évènements extérieurs à la relation. La victime se sent coupable, elle se sent responsable du comportement de l’auteur·e. Elle pense que si elle avait eu un comportement différent, les violences n’auraient pas eu lieu, ou que si elle modifie son comportement, l’auteur·e. n’exercera plus de violences.
La phase de lune de miel :
Cette phase fait naître de l’espoir pour la victime. L’auteur·e s’excuse, regrette son comportement, montre de l’attention à la victime, lui fait des promesses, des compliments ou des cadeaux. La victime retrouve la personne dont elle est tombée amoureuse au début de la relation. Elle pense que l’auteur·e des violences va changer, qu’elle/il ne recommencera plus, elle y croit. Cette phase de lune de miel dure quelques temps, puis la phase de tension réapparaît.
LE CYCLE DES VIOLENCES
Par quel mécanisme s’installe la violence dans une relation amoureuse ? La violence dans une relation amoureuse s’impose sous différentes formes et selon un cycle qui se déroule, le plus souvent, en quatre phases. L’enchaînement de ce cyle engendre de la confusion dans l’esprit de la victime. La peur, la honte, la culpabilisation, l’attente, l’espoir, finissent par se confondre pour établir une situation qui permet à l’auteur·e des violences de maintenir une emprise psychologique. Au fil du temps, la fréquence des cycles se rapproche et les violences s’intensifient.

Pour la victime, l’emprise psychologique peut être associée à des troubles psychologiques plus ou moins importants selon le degré et la durée de la manipulation. Il s’agit le plus fréquemment de : dépression, idées suicidaires ; faible estime de soi ; repli sur soi ; trouble anxieux, attaques de panique ; troubles relationnels, impossibilité d’avoir confiance en l’autre ; sentiment de ne plus être soi-même, de ne plus se reconnaître (dépersonnalisation).
Être victime d’une emprise psychologique n’est jamais anodin mais il existe toujours une issue. Dans tous les cas, pour se sortir de cette manipulation, il est essentiel de se faire aider à court, moyen ou long terme. Améliorer l’estime et la confiance en soi permet de se reconstruire progressivement sur le plan personnel et relationnel.







